Et maintenant, que faire de votre épargne ?

Elle est au cœur des préoccupations depuis plus d’un an. La réserve de sur-épargne de précaution, cette fameuse « épargne COVID » record thésaurisée par les Français, n’en finit pas de susciter les convoitises des différentes institutions. Sans que l’intérêt des épargnants ne soit forcément au premier plan.

Les trois confinements passés ont obligé les Français à mettre entre parenthèses une partie de leur mode de vie, et la consommation qui va souvent avec. Pas de sorties, pas de vacances - mais aussi un climat incertain amplifiant la peur de perdre son emploi ou voir son activité professionnelle réduite. Par défaut et par nécessité, nous sommes tous devenus moins consommateurs, et plus épargnants. 

Ce bas de laine exceptionnel, la Banque de France l’estime à fin juin 2021 à 157 milliards d’euros en plus des sommes habituellement mises de côté. Et si le rythme d’épargne ralentit logiquement depuis quelques semaines, la question demeure : que faire de cet argent ? Tout le monde s’accorde à voir dans cette manne un précieux levier de relance pour le pays, dont la mobilisation « vers la consommation ou au contraire sa thésaurisation […] va être déterminante pour le scénario de croissance de 2022 », comme le note l’Observatoire des conjonctures économiques1 .

 

Consommateur, citoyen ou épargnant ?

D’ailleurs ce « trésor de crise » COVID est assez facile à localiser : il se trouve pour l’essentiel sur les comptes courants et livrets sécurisés. De l'argent accessible, posé là par des Français en attente d’un regain de confiance qui leur donnerait envie d’ouvrir les porte-monnaies. L’absence de rebond épidémique cet été a amorcé le mouvement. Et l’Insee de revoir à la hausse la prévision de croissance 2021, à 6,25 %, confirmant « la forte dynamique de l’économie française » et réjouissant le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire. Pour autant, si nous pouvons nous réjouir de cette belle croissance, celle-ci est en trompe-l’œil au regard de la récession de 8,2 % enregistrée en 20202. La relance est l'enjeu des mois à venir car n’oublions pas que ce seront aussi des mois de campagne électorale... 

Et en attendant le retour massif à la consommation ? « Ce surplus d’épargne n’est pas stérile. Il a financé des prêts à l’économie »3 , assure la Banque de France. Le citoyen sera sans doute ravi de savoir que son pécule a pris part au « cercle vertueux » permettant d’aider les entreprises. Mais l’épargnant s’y retrouve-t-il pour autant, en l’absence de rémunération de son bas de laine ?

Car si remplir des livrets à capital garanti est sécurisant, cela n'est pas attractif financièrement : ces placements protégés offrent un rendement assuré mais inférieur à l’inflation, et leur valeur est peu à peu rognée. Or l’épargne doit être utile pour soi : c'est grâce à elle que peuvent se réaliser les projets de vie. L’épargnant serait-il obligé de choisir entre une épargne qui vienne en soutien des entreprises, et une épargne qui lui permette de préparer son avenir ? 

 

Épargner utile, et pour soi

Il ne devrait pas avoir à choisir. Et que ce n’est pas chercher un mouton à cinq pattes que de vouloir les deux. De nombreux produits d’épargne existent, connectés à l’économie, à la vie quotidienne et au développement des entreprises, et offrant à l’épargnant des perspectives de rendement. Une étude récente le souligne : près d’un travailleur français sur deux envisage d’épargner davantage, et souhaite obtenir un rendement minimum de 2 % afin de préserver son pouvoir d’achat4. Impossible avec des placements à capital garanti. Mais possible en acceptant une prise de risque supplémentaire.

Et possible surtout sans y perdre de sens, et en faisant le choix de produits concrets. Les fonds immobiliers (SCPI) ou les fonds de crédit aux entreprises (obligataires), donnent ainsi la possibilité d'épargner de façon productive, à la fois en accompagnement de l’économie réelle et dans le but de développer son propre patrimoine. Sans incompatibilité entre les deux objectifs. Les SCPI, propriétaires de biens immobiliers loués à des professionnels, ont fait preuve de résilience pendant la crise, et de stabilité au long des années ; et certains fonds obligataires ont su prêter de l’argent aux entreprises et traverser la crise en délivrant une performance positive proche de celles des SCPI en 2020.

 

Une nouvelle épargne engagée

Cet équilibre entre recherche de sens, quête de performance et gestion du risque, nous en avons fait notre moteur. Le nouvel épargnant ne veut plus se contenter d’épargner sans comprendre ce qui est fait de son argent. Et il conçoit que le risque doit être géré et non éludé, car c’est la seule façon de créer de la valeur.

L’essor de l’assurance vie sous sa forme à capital non garanti (les unités de comptes) versus celle à capital garanti (les antiques fonds en euros) l’illustre parfaitement. Les Français ont placé cette année près de 18 milliards d’euros dans ces contrats plus exposés (contre 12 un an plus tôt), avec l’envie de voir leur épargne progresser. Il faut remonter à la fin de l’année 2000 pour retrouver une telle dynamique5

Dans un monde où les États ne payent plus d’intérêts quand ils empruntent, la chimère de l’épargne rentable, liquide à tout instant et à capital garanti a disparu. L’épargnant redevient donc l’entrepreneur de son épargne afin de la placer utilement. C’est le nouvel épargnant, dans une nouvelle ère de l'épargne plus responsable et respectueuse de l’épargnant.

 

Par

FRÉDÉRIC PUZIN

 

Les produits commercialisés par CORUM L'Épargne sont des investissements long terme qui n’offrent aucune garantie de rendement ou de performance et présentent un risque de perte en capital et de liquidité. Les revenus ne sont pas garantis et dépendront de l’évolution du marché immobilier et financier et du cours des devises. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

1La Tribune, 15 avril 2021
2Insee, note de conjoncture, mars 2021
3Les Echos, 7 septembre 2021
4Epsens, septembre 2021
5Les Echos, 18 août 2021