Le fonds euros a-t-il un avenir ?

Régulièrement donné moribond, le fonds euros enregistre une baisse continue de ses rendements depuis près de 25 ans. Aujourd’hui, il rémunère en moyenne moins qu’un Livret A1 ! La remontée des taux d’intérêt signe-t-elle la fin du déclin ? Pas si simple : le poids des obligations en stock dans les fonds euros des assureurs historiques entraîne une forte inertie. Le contexte est en revanche propice au lancement d’un nouveau fonds euros.

Depuis plus de vingt ans, le fonds euros voit ses performances baisser, pour se réduire aujourd’hui à peau de chagrin. Alors que leur rémunération moyenne atteignait encore 5,30 % en 2000, les fonds euros du marché ne servaient plus en moyenne que 1,30 % de rendement net en 20212. Problème : face au niveau de l’inflation, 6,2 % sur un an en novembre selon l’Insee, le fonds euros fait perdre de l’argent aux épargnants.

 

Une part des bénéfices est mise en réserve pour améliorer les futurs rendements en cas de coup dur

Le fonds euros est un produit propre aux contrats d’assurance (assurance vie, PER, contrat de capitalisation…). Les versements que vous faites sur ce fonds sont garantis, en totalité ou en partie (certains fonds ne garantissent que 96 % à 98 % du capital), tout comme les gains que vous percevez et qui s’accumulent les uns aux autres (ils se capitalisent). Cette garantie tomberait en cas de faillite de la compagnie d’assurance, un risque heureusement peu probable ; il existe toutefois, depuis 1999, un fonds de garantie couvrant un montant d’indemnisation de 70 000 euros par assuré et par compagnie. 
Par ailleurs, le fonds euros est liquide, ce qui signifie que vous pouvez récupérer votre argent à tout moment. 
L’assureur est autorisé à constituer des réserves en ne distribuant pas l’intégralité des bénéfices aux épargnants. Il a ensuite huit ans pour la leur reverser. Ce mécanisme lui permet de lisser le rendement de son fonds euros, et notamment de le booster en cas de coup dur. 
D’autres mécanismes permettent aux assureurs d’améliorer les rendements, par exemple la vente des actions ou des biens immobiliers à une valeur supérieure à la valeur d’achat, générant donc des plus-values.

 

Le fonds euros : un produit essentiellement composé d’obligations d’Etat

Quelle que soit la composition du fonds euros, notons d’abord que c’est l’assureur qui supporte le risque de perte en capital… ce qui l’encourage naturellement à sélectionner des produits peu risqués pour constituer son fonds euros. A commencer par les obligations d’Etat, notamment les fameuses OAT (obligations assimilables au trésor) : en clair de la dette d’Etat qui comporte par essence très peu de risque de ne pas être remboursée. Mais qui dit risque minime dit faible rémunération… Ces OAT servent en effet des rendements très bas. Début janvier, l’OAT française à 10 ans servait 0,23 % d’intérêts ; elle a depuis progressé et offrait 2,34 % de rendement au 30 novembre. 
Outre des obligations d’Etat, les fonds euros peuvent contenir des obligations d’entreprises, généralement des entreprises très solides. Peu de risque donc, mais en contrepartie, peu de rémunération là encore.
Les fonds euros peuvent également comprendre des produits immobiliers et des produits « actions ».  C’est le cas en particulier des fonds euros de nouvelle génération qui intègrent une plus grande part de produits boursiers et immobiliers afin de dynamiser leur rendement et d’aider les épargnants à lutter contre la perte de pouvoir d’achat.

 

La remontée des taux d’intérêt ne tire pas vers le haut le rendement du fonds euros

La remontée des taux d’intérêt que nous connaissons actuellement peut-elle profiter au fonds euros ? Il n’aura échappé à personne que l’inflation galopante pousse depuis quelques mois les banques centrales à une politique monétaire moins accommodante que ces dernières années. En 2022, elles ont pris le parti de freiner l’inflation en relevant plusieurs fois leurs taux directeurs (ces taux à court terme fixés par les banques centrales pour réguler l’activité d’un pays ou d’une union monétaire). Dans la foulée, les banques ont remonté leurs taux d’intérêt. Objectif visé : brider la consommation, et ainsi ralentir l’inflation. 
Or les hausses de taux impactent directement les rendements obligataires. Les fonds euros étant majoritairement constitués d’obligations, on pourrait s’attendre à ce que leur rendement s’oriente à la hausse dans les années qui viennent. Sauf que les fonds euros ne fonctionnent pas comme les fonds obligataires classiques. En effet, les obligations qui entrent dans le fonds euros ne sont pas réévaluées en cas de baisse ou de hausse de la valeur de marché (à quelques exceptions près, comme par exemple un risque de faillite de l’Etat ou de l’entreprise qui a émis l’obligation). Supposons qu’un fonds euros achète des obligations au prix moyen de 100 et servant des intérêts moyens de 1,5 %. Même si la hausse des taux en 2022 entraîne une baisse de la valeur de marché des obligations, cela n'impacte pas le fonds euros : fin 2022, toutes choses égales par ailleurs, les obligations valent toujours en moyenne 100 et servent toujours un rendement moyen de 1,5 %. La remontée des taux n’a donc pas d’effet direct sur le rendement du fonds euros.

 

Un stock élevé d’obligations peu rémunératrices

C’est ailleurs que le bât blesse… En effet, la plupart des assureurs a en stock de gigantesques quantités d’anciennes obligations, émises avant 2022, qui servent par conséquent des intérêts très faibles en lien avec les taux d’intérêt très bas de l’époque et qui plombent le rendement des fonds euros. Il s’agit d’obligations de long terme dont il n’est pas simple pour les assureurs de se débarrasser au profit d’obligations plus rentables. A l’instar d’un cargo chargé de sable, ces fonds euros remplis d’anciennes obligations pèsent lourd et s’avèrent difficiles à manœuvrer. Le remplacement ne pourra se faire que très progressivement, à mesure que les obligations détenues arrivent à échéance. En attendant, face à ces énormes stocks d’obligations offrant un rendement de 1,5 %, l’entrée d’obligations servant un rendement de 2,5 % n’aura qu’un faible impact sur le rendement moyen du fonds euros. Il faudra donc en théorie plusieurs années pour observer une réelle remontée du rendement des fonds euros. 
Sans compter que la grande majorité des fonds euros est aujourd’hui en situation de décollecte, boudés par les épargnants en raison de leur trop faible rendement. Voilà qui n’aide pas les assureurs à faire acheter des obligations plus rémunératrices… 
Une décollecte d’ailleurs encouragée par les assureurs eux-mêmes ! La garantie du capital offerte dans les fonds euros exige des assureurs qu’ils disposent d’un montant élevé de capitaux propres pour tenir leurs engagements. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’ils aient poussé ces dernières années les épargnants vers les autres produits disponibles dans leurs assurances vie : les unités de compte (UC), c’est-à-dire les produits immobiliers, obligataires ou en actions, dont le capital n’est pas garanti. Ils ont pour cela usé de différentes méthodes : plafonnement de l’épargne investie en fonds euros, frais plus lourds pour les versements sur le fonds euros, bonus de rendement sur le fonds euro en fonction du pourcentage du contrat investi sur les unités de compte…

Utiliser les réserves de bénéfices ? Oui, mais elles ne sont pas inépuisables, ont un effet limité et masquent la vraie performance du fonds… 
La remontée des taux d'intérêt et des rendements obligataires qui améliore la perspective de rémunération des fonds euro, inverse la vapeur. Les assureurs ont désormais intérêt à rouvrir les robinets de la collecte pour bénéficier au maximum des nouvelles conditions de marché.
Pour cela, ils ont au moins deux atouts dans leur poche : d’une part, les plus-values potentielles qu’ils peuvent réaliser en vendant des biens immobiliers ou des actions par exemple. D’autre part, la fameuse réserve de bénéfices qui permet de booster les rendements des fonds euros. Elle était estimée à 71,4 milliards d’euros fin 2021, soit 4,87 % de l’épargne gérée, toutes compagnies confondues3. Problème : cette réserve n’est pas inépuisable… Et le désamour pour le fonds euros n’arrange rien : il en entrave le renouvellement. Par ailleurs, l’utilisation de la réserve de bénéfices est censée s’étaler dans le temps puisque les assureurs ont huit ans pour la redistribuer : son impact est donc fractionné. Elle devrait tout de même permettre d’améliorer un peu les rendements 2022 mais ne fera pas de miracle : ils se situeraient entre 1,6 % et 2 % selon Good Value For Money. Les meilleurs fonds pourraient même dépasser les 2 %, peut-être jusqu’à 2,6 % nets… loin derrière le niveau de l’inflation.
Même la course avec le Livret A, l’autre placement fétiche des Français, semble perdue d’avance. Inflation oblige, le Livret A rémunère à 2 % depuis le 1er août et a de fortes probabilités de passer à 2,75 % ou 3 % en février prochain. Pour les assureurs, l’objectif est désormais d’éviter de creuser l’écart…

 

Avantage aux nouvelles stratégies

Les stratégies les plus agiles devraient sortir gagnantes de ce contexte inédit. Car, s’il est difficile de manœuvrer rapidement le gros cargo rempli d’anciennes obligations, il reste possible de mettre à l’eau à ses côtés une petite vedette toute neuve… L’occasion est propice au lancement de nouveaux fonds euros capables de profiter de la hausse des rendements obligataires, sans avoir en amont à vider le navire ! Certains assureurs pourraient notamment remettre au goût du jour un fonds eurocroissance dont le capital garanti et le rendement plus dynamique qu’un fonds euro traditionnel sont contrebalancés par une épargne immobilisée au moins huit ans. 
Les idées ne manquent pas. L’arrivée dans le contrat d’assurance vie CORUM Life d’un fonds obligataire à échéance tel que CORUM Butler Entreprises permet elle aussi de saisir les opportunités de marché actuelles (voir CORUM L’Épargne lance CORUM Butler Entreprises, le nouveau fonds obligataire à échéance de sa gamme, pour profiter d’une fenêtre d’opportunité sur le marché européen du haut rendement  | CORUM L'Épargne). 
C’est une première réponse pour accompagner la remontée des taux et proposer aux épargnants des solutions en phase avec le marché. De là à ce qu’un acteur comme CORUM Life lance son propre fonds euros… Le sujet est en tout cas sur la table ! Reste une certitude : comme toujours, les épargnants doivent prendre soin de diversifier leur épargne et pour cela changer d’état d’esprit : le fonds en euros ne doit plus être considéré comme le socle de l’assurance vie, mais bien comme une catégorie de produits d’épargne à part entière, au même titre qu’un fonds obligataire, qu’un produit actions ou qu’une SCPI !

 

1 Livret A : 2 % depuis le 1er août 2022 – Source Service Public / Fonds euros : 1,30 % en moyenne en 2021 – Source France Assureurs
2 Source : France Assureurs
3 Source : Good Value For Money


CORUM Life est un contrat d’assurance vie en unités de compte. Les unités de compte sont les parts de SCPI et des fonds obligataires de la gamme CORUM L’Épargne qui composent en exclusivité le contrat. Ces produits présentent des risques propres incluant celui de perte en capital. Contrairement au contrat d’assurance vie en fonds euros qui investit par exemple dans les obligations d’État, CORUM Life n’offre aucune garantie en capital (sauf en cas de décès jusqu’à 65 ans). Les montants investis dans le contrat CORUM Life sont donc sujets à des fluctuations, à la hausse ou à la baisse, et présentent des risques dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers ou immobiliers. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

Plus de détails dans la note d’information et les documents d’information clé pour l'investisseur disponibles sur www.corum.fr/assurance-vie
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