Le retour de l'inflation, quel impact sur le marché de l'assurance vie ?
Le 12 avril 2022, L’Argus de l’Assurance animait un webinaire exclusif « Produits simples et adossés à l’économie réelle : quand l’assurance vie s’adapte aux nouvelles attentes des épargnants » - avec la participation de Jérémy Barray, associé gérant de LEGALFI TRINITY, Grégory Rossi, conseiller en gestion de patrimoine chez Expertis Gestion Privée et Baptiste Bruneau, directeur commercial chez CORUM L’Épargne.
Les produits commercialisés par CORUM L'Épargne sont des investissements long terme qui n’offrent aucune garantie de rendement ou de performance et présentent un risque de perte en capital et de liquidité. Les revenus ne sont pas garantis et dépendront de l’évolution du marché immobilier et financier et du cours des devises. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Journaliste L’Argus de l’Assurance :
Nous vivons un moment historique sur le marché de l'assurance vie avec un retour de l'inflation et une montée en puissance des plans d'épargne retraite. Nous pouvons nous demander si c'est un moment de bascule ou si les tendances 2021 vont se prolonger, puisqu'après une année 2020 de forte décroissance le marché l'assurance vie a connu un très beau rebond en 2021 avec 27,3 milliards de collecte nette. Il s’agit en effet d’un record depuis 2010, en portant les encours totaux à 1 876 milliards d’euros. Cette croissance est essentiellement portée par les fonds en unités de compte qui représentaient en 2021 39 % de la collecte brute. D’autre part, les fonds en euros enregistraient une décollecte de 11 milliards. Et pour cause, c'est évident les fonds en euros proposent des rendements assez faibles de l'ordre de 1,3 % avec une inflation de 1,5 %, on peut dire que l’épargnant ne sort pas très gagnant. Tandis que les fonds en unités de compte atteignaient un rendement moyen de 3,1 %, ce qui explique tout naturellement leur forte croissance sur le marché de l’assurance vie.
Nous allons aborder différents sujets : les attentes des épargnants, et leurs évolutions compte tenu des mouvements économiques ; la stratégie des acteurs de l'assurance vie aussi bien les assureurs que les intermédiaires comme les conseils en gestion de patrimoine ; enfin la réponse aux nouvelles attentes des épargnants.
Première séquence. C'est la conjoncture économique, le retour de l'inflation, quel impact peut-il avoir sur le marché de l'assurance vie ? Est-ce qu'on peut s'attendre à un regain d'intérêt de la part des épargnants après le trou d'air des années 2019- 2020 ? Je me tourne vers vous Jérémy Barray.
Jérémy Barray :
Les épargnants qui malheureusement ont encore trop peu d'éducation financière continuent de penser que l'assurance vie égale fonds euros. Ces épargnants ne se tourneront peut-être pas vers l’assurance vie en se disant que compte tenu de l'inflation ce serait compliqué. Ceux qui au contraire sont accompagnés sur ces sujets ont bien conscience que l'assurance vie est aussi un moyen de saisir les opportunités qui se présentent. L'inflation revient très fort mais il y a justement des thématiques qui peuvent être jouées, aussi bien au sein de l'enveloppe assurance vie. Ceux qui le savent sauront s’engager sur l'assurance vie pour pouvoir abonder et être opportuniste, compte tenu de la souplesse de cet outil dans ce contexte d'incertitude et d'inflation. Evidemment, il n'y a pas que l'inflation, il y’a aussi d'autres actualités en ce moment assez graves mais l'assurance vie est probablement le véhicule qui permet le plus de souplesse pour pouvoir encore une fois saisir les opportunités et être réactif face à l'actualité.
Journaliste de L’Argus de l’Assurance :
Qui dit retour de l'inflation dit aussi remontée des taux donc finalement est-ce que ça peut valoriser l’épargne et l’assurance vie ?
Grégory Rossi :
Tout à fait. C'est vrai que les personnes ont accumulé beaucoup d’épargne depuis deux ans. Cette épargne, avec un regain d'inflation, va être clairement de moins en moins bien rémunérée. Pendant des années les épargnants ont privilégié les fonds en euros pour leurs vertus de protection du capital. Il y avait peu d'inflation donc avec un rendement moyen de l’ordre de 1 à 1,5 %. Finalement, on s'accommodait assez bien de tout ça. Aujourd'hui, il y’a une prise de conscience et l'inflation va dépasser ces rendements. Il va donc falloir se tourner vers des actifs plus risqués. Ainsi, l’enveloppe fiscale de l'assurance vie devrait effectivement continuer à drainer des flux importants. Parce qu'il faut le rappeler, il y a deux types de supports sur l'assurance vie : le fonds en euros qui a cette vertu de protection de capital mais qui nous protégera de moins en moins d'inflation. D’autre part, des unités de compte tels que des fonds communs de placement qui permettent d’investir sur des classes d'actifs très variées et notamment des actifs qui vont devoir s'accommoder de l'inflation voire en profiter tels que l'immobilier, les matières premières, l'or, les infrastructures. Vous pouvez au travers cette enveloppe fiscale assez souple, assez liquide, fiscalement avantageuse, choisir vos thématiques d'investissement et donc faire fi de cette inflation.
Journaliste de L’Argus de l’Assurance :
On s'oriente sauf événement majeur vers du 4 % d'inflation en 2022. Quel impact ça peut avoir ?
Baptiste Bruneau :
Alors ça aura un impact évidemment sur l’épargne qui dort et je pense que le constat on le partage tous sur les rendements des fonds en euros. C'est pour cette raison que quand on a réfléchi, pensé et lancé notre compagnie d’assurance et son contrat d’assurance vie CORUM Life on avait décidé dès le lancement de ne pas le construire avec des fonds en euros puisqu'il était impossible de faire du rendement attendu par nos épargnants alors que dans le groupe CORUM l'objectif est de délivrer de la performance. On va dire qu'il y a des acteurs qui le font très bien nous, nous sommes à la recherche de performance dans la durée. On parlait d'actifs risqués, c'est à mesurer car il y a tout type d'actifs. Nous avons fait le choix de loger dans ce contrat d'assurance vie de l'immobilier avec les SCPI du Groupe qui présentent un risque lié aux dividendes issus des loyers qui sont potentiels même si nos immeubles sont loués à des locataires qui payent leurs loyers. L'autre produit que nous allons loger dans ce contrat d'assurance vie ce sont les fonds obligataires, également issus du Groupe. Ce sont des entreprises qui empruntent de l'argent sur des marchés financiers et qui vont rembourser leur obligation par des intérêts payés au fil de l'eau à une échéance qui est connue. Nous avons parlé de l'immobilier, les loyers vont être indexés sur l'inflation et vont être une solution pour justement lutter contre cette inflation. Sur l'obligataire si on a des obligations avec une maturité relativement courte en tout cas pas trop longue, nous allons pouvoir nous protéger en tout cas en partie contre l'inflation. Donc deux solutions qui peuvent cohabiter avec ce retour de l'inflation que l'on constate tous.