Qu’est-ce que le rendement d’une obligation ?
Dans le cadre d'un webibaire CORUM L’Épargne exclusif, Olivier Becker (Expert obligataire du groupe CORUM) et Frédéric Puzin (Fondateur de CORUM L’Épargne) vous détaillent le comment est constitué le rendement d'une obligation.
Baptiste Bruneau
Olivier, est-ce que tu pourrais revenir ce qui compose le rendement d'une obligation à haut rendement. On sait qu’il y a un lien avec les obligations dites « sans risque», mais comment est-ce que ça se constitue exactement ?
Olivier Becker
Le rendement d'une obligation d’entreprise (à haut rendement) est en effet constitué du « rendement sans risque », taux auquel on prête de l’argent à l’État allemand, auquel nous ajoutons une « prime de risque ».
Cette prime correspond au complément de rémunération liée au risque qu’une entreprise spécifique ne puisse pas tenir ses engagement : rembourser la somme qu’elle a empruntée ou verser les intérêts convenus. Il est donc important de comprendre que la hausse des taux d’intérêt et la hausse du risque enregistrées en 2022 se traduisent très concrètement par une forte hausse des rendements des obligations.
Frédéric Puzin
Ce que tu nous expliques c'est que si je prête de l'argent à une entreprise comme SFR, je peux considérer que je prends un risque supérieur au fait de prêter à l'État allemand. En contrepartie, je vais avoir une rémunération supérieure.
Olivier Becker
Tout à fait, aujourd’hui lorsque l’on prête de l’argent à l’État allemand, le taux d’intérêt payé est d’environ 2 %, contre parfois plus de 5 % pour des entreprises comme SFR.
Frédéric Puzin
2 % alors que c'était 0 %, voire négatif début 2022. Il fallait même payer pour prêter de l’argent à l’État allemand il y a un peu plus de 12 mois, c’est bien ça ?
Olivier Becker
Exactement, cela illustre les décisions monétaires prises la Banque centrale européenne. Si j’investis sur le marché européen des obligations à haut rendement et que je prête de l’argent à Renault, Free ou à Alain Afflelou, on a un risque qui est plus élevé. On va donc demander une rémunération accrue par rapport à cet État allemand. On a donc aujourd'hui des rendements qui sont quasiment à 8 % en moyenne sur les obligations à haut rendement. Ces mêmes rendements étaient autour de 3 % en janvier 2022. On a donc enregistré une très forte hausse des rendements depuis un an.
Frédéric Puzin
Pour résumer de façon assez simple, on était dans un monde où prêter son argent à un état où à une entreprise rapportait peu. Prêter son épargne à une entreprise comme SFR offrait un rendement de 3 % début 2022. Avec la hausse des taux d’intérêt pour limiter la hausse de l’inflation et une hausse des risques pour les entreprises de maintenir leur chiffre d’affaires, ce même emprunt est aujourd'hui rémunéré, en moyenne, à 8%. Il y a peut-être plus de risques qu'il y a un an, par contre la rémunération est bien supérieure ?
Olivier Becker
Tout à fait. C’est d’ailleurs intéressant de resituer ce niveau de rendement dans un contexte historique. On est à 7,5 % (au 1er décembre 2022) et on était au-dessus de 8 % il y a encore quelques jours. C'est un niveau que nous n’avions pas connu depuis la crise de l'euro en 2011, exception faite de mars 2020, au pic de la crise COVID. Cela montre à quel point cette situation est rare.
Frédéric Puzin
Lorsque l’on regarde le graphique, ça ressemble un peu à électrocardiogramme. On se dit que les investisseurs ont des émotions. C'est-à-dire que quand il y a la COVID 19 on voit que le cœur s'accélère, puis il se recalme parce que la crise semble être derrière nous. Puis d'un seul coup la guerre en Ukraine, l'inflation et les investisseurs sont à nouveau paniqués.
Baptiste Bruneau
Pour bien être clair, je comprends aussi que le taux d’intérêt auquel l'entreprise emprunte ne correspond pas tout à fait au rendement de l’obligation. Il y a aussi la variable du prix auquel on va acheter l’obligation et le prix auquel elle nous sera remboursée. Donc il y a les intérêts, payés par exemple 3 %, 4 % voire 5 %, mais ce n'est pas uniquement ça qui fait le rendement.
Olivier Becker
En effet, ce n'est pas uniquement ça. On va prendre un exemple très concret pour répondre à cette question. On a pris une entreprise que vous connaissez sûrement très bien, Free, opérateur de télécommunications qui a proposé une nouvelle obligation en 2021 avec un taux d'intérêt (que l'on appelle un « coupon ») de 5,625 %, et une date de remboursement en 2028.
Elle a été proposée sur le marché à 100 € (comme la plupart des obligations). Au 1er janvier 2022, cette obligation valait 105 €. L’obligation avait mécaniquement un rendement plus faible, au regard de son prix de remboursement de 100 €. À cette date, il y avait peu d'inflation et pas de guerre en Ukraine. Nous étions dans un environnement assez stable, avec assez peu de risques identifiés.
Aujourd'hui, les choses ont changé. Les acteurs sur le marché estiment que le risque de défaillance de paiement par Free a augmenté. Le marché exigent donc désormais 7 % de rendement compte tenu de la hausse des taux sans risque et des risques accrus. Pour ajuster cette contrepartie, c’est le prix de l’obligation qui a mécaniquement baissé et l'obligation ne vaut plus que 93 € aujourd'hui.
Baptiste Bruneau
C’est donc le prix de l’obligation qui va permettre d’ajuster le risque perçu et défini pour une obligation, mais le taux d'intérêt lui ne change pas ?
Olivier Becker
Effectivement, le taux d’intérêt qui est payé tous les ans par l'entreprise ne change pas, c'est toujours 5,625%.
Baptiste Bruneau
On voit que le marché des obligations évolue, il fluctue, mais ce n'est pas aussi violent que ce que l'on a pu vivre sur les actions ?
Olivier Becker
Je vous rappelle qu’une obligation est généralement émise à 100 €. Son prix fluctue donc généralement autour de prix puisque sa valeur de remboursement sera également de 100 €. Les fluctuations sont donc moins importantes. En revanche, il s'avère que dans certains moments de stress de marché, on a des prix qui peuvent baisser sensiblement et aujourd'hui on a un prix moyen des obligations qui est particulièrement bas et attractif.
Les fonds obligataires distribués par CORUM L'Épargne permettent d’investir sur le marché européen des obligations à haut rendement et de générer des intérêts potentiels sur les sommes prêtées aux entreprises. Ces obligations à haut rendement présentent un caractère spéculatif comparé aux « obligations d’État » : une recherche d’un rendement plus important en contrepartie d’un risque plus élevé. Ces fonds n’offrent aucune garantie de rendement ou de performance et présentent un risque de perte en capital. Nous attirons votre attention sur le fait que les performances passées ne présagent pas des performances futures. Elles ne sont pas constantes dans le temps car les obligations achetées par les fonds sont soumises aux évolutions et aux aléas des marchés.