Alors que les épargnants se soucient de plus en plus de leur retraite, deux produits d’épargne permettent de la préparer grâce à la constitution d’un capital : l’assurance vie et le plan d’épargne retraite (PER). Si ce dernier, créé en 2019 par la loi Pacte, a été spécialement conçu à cette fin, l’assurance vie est un placement “couteau suisse” qui peut également remplir cet objectif grâce à sa grande flexibilité. Elle est d’ailleurs toujours autant plébiscitée par les épargnants français, au point de totaliser, en 2023, 1900 milliards d’euros d’encours1 (le total des versements effectués sur l’assurance vie). À titre de comparaison, les cotisations sur le PER représentaient, à la même période, 67 milliards d’euros d’encours. S’ils ont des points communs, le PER et l’assurance vie ont chacun des avantages différents et se complètent plus qu’ils ne s’opposent.
La disponibilité du capital : la flexibilité de l’assurance vie vs les conditions de retrait du PER
En ce qui concerne la disponibilité du capital, l’assurance vie possède un sérieux atout : vous pouvez effectuer des retraits (rachats) à tout moment. Cependant, les avantages fiscaux qui accompagnent cette opération ne sont disponibles qu’après 8 ans. Vous pouvez, de plus, opter pour différents types de rachat selon vos besoins :
- un rachat partiel qui consiste à retirer une portion seulement de votre capital ;
- un rachat total où vous retirez tout l’argent disponible, cette opération entraînant d’ailleurs la fermeture de votre contrat ;
- une rente viagère qui vous permet d’obtenir des versements réguliers selon votre espérance de vie et le montant de votre capital.
Le PER propose autant d’options de retrait de votre capital, mais impose une condition majeure : vous devez atteindre l’âge de la retraite avant de pouvoir en disposer. Vous pouvez alors choisir entre une sortie en rente ou en capital pour les PER individuels et collectifs. Un PER d’entreprise obligatoire ne permet qu’une sortie en rente viagère. Cependant, des situations exceptionnelles vous permettent de retirer l’argent de votre PER en avance :
- le décès de votre conjoint ou partenaire de Pacs ;
- un cas d’invalidité de 2e ou 3e catégorie qui vous concernerait vous, votre partenaire ou vos enfants ;
- en cas de surendettement ;
- si vos droits au chômage venaient à expirer ;
- la liquidation de votre entreprise.
Le PER individuel et le PER d’entreprise collectif autorisent le retrait du capital en cas d’achat de votre résidence principale.
Si vous avez besoin d’un placement disponible pour des projets à moyen ou court terme, l’assurance vie est donc plus indiquée que le PER. Si votre but est avant tout de préparer votre retraite, le PER peut vous convenir, notamment grâce à ses avantages fiscaux.
La fiscalité : déductions fiscales pour le PER vs abattements possibles pour l’assurance vie
En effet, la fiscalité du PER vous permet des déductions fiscales. Les versements volontaires que vous effectuez sur votre plan sont déductibles de votre revenu imposable (sans dépasser un certain plafond qui varie selon votre situation professionnelle). Vous payez donc un impôt sur le revenu moins élevé. Vous pouvez également choisir de ne pas déduire les versements de votre impôt et de bénéficier des avantages fiscaux au moment de la sortie du plan. La première option convient à ceux qui ont une tranche d’imposition fiscale élevée et la seconde à ceux qui connaîtront une baisse parfois importante de revenu au moment du départ à la retraite.
L’assurance vie, de son côté, permet donc de retirer des sommes d’argent, après 8 ans, en bénéficiant d’avantages fiscaux. Seuls les gains générés par votre contrat sont d’ailleurs imposés. Un abattement de 4 600 euros pour une personne seule et 9 200 euros pour un couple s’applique sur les intérêts. Vous pouvez donc retirer, chaque année, 4 600 ou 9 200 euros de gains non imposés. Les versements que vous avez effectués ne sont pas soumis à l’impôt.
En ce qui concerne la succession, les règles varient selon le type de votre PER : bancaire ou assurantiel. Le PER bancaire s’apparente à un compte-titres alors que le PER assurantiel a un fonctionnement similaire à un contrat d’assurance vie. En cas de décès, le PER bancaire intègre l’actif successoral alors que le PER d’assurance peut être transmis en dehors des droits de succession (seulement si le souscripteur décède avant 70 ans) comme l’assurance vie. Un abattement de 152 500 euros s’applique alors pour les bénéficiaires. Au-delà de cette somme, une taxation de 20 %, puis de 31,25 %, a lieu. Après 70 ans, l’abattement est réduit à 30 500 euros à se partager entre les différents bénéficiaires. Le contrat, ou le PER, intègrent alors l’actif successoral et des droits de succession s’appliquent.
L’assurance vie reste néanmoins plus souple dans la mesure où l’abattement est valable, dans le cas du PER, seulement si le souscripteur du PER décède avant ses 70 ans. Pour l’assurance vie, ce sont les sommes versées avant les 70 ans du souscripteur qui bénéficient de cet abattement.
L’assurance vie est donc un placement qui s’avère très utile pour transmettre une somme d’argent à vos bénéficiaires. Le PER, lui, vous encourage à effectuer des versements pour bénéficier d’avantages fiscaux pendant la phase d’épargne ou au moment de la sortie. Le PER reste donc plus pertinent pour vous constituer un capital à la retraite quand l’assurance vie est plus indiquée pour le transmettre.
Des supports similaires, mais une rentabilité légèrement différente
L’assurance vie et le PER ont un fonctionnement identique qui s’apparente à celui d’une enveloppe fiscale au sein de laquelle des sommes sont versées dans différents compartiments. Ces derniers représentent les différents types de supports disponibles (actions, obligations, SCPI, matières premières, fonds communs de placement…).
Le PER peut d’ailleurs prendre la forme d’un PER assurance et investir dans les mêmes supports que l’assurance vie : les fonds euro et les unités de compte. Un autre type de PER, le PER bancaire, existe, mais il est plus rare. La différence majeure entre le PER bancaire et le PER assurance réside dans le fait que le premier ne propose pas de fonds euro contrairement au second.
Même si l’assurance vie et le PER investissent dans des supports similaires, leur rendement peut différer. Il faut en effet prendre en compte les frais qui peuvent varier selon l’assureur et le mode de gestion choisi.
Dans certains cas, la déduction des versements proposée par le PER peut optimiser le rendement du plan. Par exemple, si vous effectuez un versement de 10 000 euros sur un PER, vous en versez réellement 7 000 si vous faites une déduction fiscale (calcul à partir d’une TMI, tranche marginale d’imposition, de 30 %). Ce calcul est intéressant pour les personnes qui sont non imposables au moment de la retraite. En effet, la déduction ne fait que différer l’imposition du PER. Si vous choisissez cette option, l’impôt sur le revenu sera dû à la sortie du plan. A l’inverse, si vous choisissez de ne pas déduire vos versements, vous ne paierez pas d’impôt sur le revenu au moment de la sortie.
Conjuguer assurance vie et PER pour remplir des objectifs différents
Souscrire une assurance vie et un PER ne s’oppose pas forcément. Vous pouvez ouvrir ces deux placements pour remplir des objectifs différents. Le PER a été conçu pour la retraite, mais peut servir à vous donner des avantages fiscaux avant son déblocage. Comme celui-ci n’intervient pas avant la retraite, sauf situations exceptionnelles, il vaut mieux compter sur une assurance vie pour disposer d’un capital dans lequel piocher en cas de projet ou de besoin.
Voici un tableau récapitulatif qui peut vous permettre d’identifier rapidement le fonctionnement de chacun des deux placements sur des points précis.
| Assurance vie | PER |
Actifs proposés | Les deux proposent les mêmes actifs (fonds euro et unités de compte pour le PER d’assurance) | |
Disponibilité du capital | À tout moment (avantages fiscaux au bout de 8 ans) | À la retraite (sauf 6 situations exceptionnelles) |
Fiscalité | Abattements importants en cas de retrait au bout de 8 ans | Déduction sur chaque versement effectué (avec un plafond) |
Rendement | Varie selon les performances des actifs sélectionnés | De même, avec un bonus dû à la déduction d’impôt qui diminue le montant de l’investissement |
Succession |
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Gestion | Gestion au choix (libre, pilotée, conseillée, sur profil, etc.) | Gestion pilotée par défaut et au choix sur demande auprès de l’assureur |
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