Fonds obligataires : paradoxalement, c’est un bon moment pour investir !
Une guerre aux portes de l’Europe, une inflation galopante et une possible récession qui se profilerait : c’est la photo instantanée qui a refroidi les investisseurs sur le marché obligataire. Et qui a en conséquence fait chuter la valeur des obligations. Mais notre conviction est d’être investisseur long terme, de savoir privilégier le film plutôt que la photo.
Laissons la photo aux marchés financiers. Votre fonds BCO reste dans le rouge, mais il fait mieux que le marché des obligations à haut rendement. Et les rendements affichés aujourd’hui par les obligations, avec des prix attractifs et des niveaux de risque bien rémunérés, offrent un beau point d’entrée pour les épargnants !
Guerre en Ukraine, inflation (+5,6 % en France et +10 % en Europe au 30 septembre), hausse des taux, perspective de récession, risques géopolitiques... L’année n’est pas encore achevée, mais avouons-le : 2022 aura été plus que mouvementée et, d’un certain point de vue, une année « exceptionnelle ».
J’aurais aimé vous dire que les marchés obligataires s’en sortaient la tête haute, mais ils subissent malheureusement la tempête de plein fouet, eux qui n’avaient pas connu de performances aussi négatives depuis 2008. Il reste difficile à cette heure de vous donner une perspective pour la fin de l’année. La situation s’était améliorée en juillet, mais les investisseurs sont si fébriles que quelques semaines ont suffi pour voir s’évanouir cette courte embellie.
A fin septembre, votre fonds BCO affiche donc une performance négative de - 6,09 %*. C’est mieux que le marché des obligations à haut rendement qui plonge lui à - 13,64 %*. Cette différence s’explique par l’agilité avec laquelle les experts obligataires du groupe CORUM ont limité l’amplitude des variations de performance de BCO, conformément aux ambitions de votre fonds. Mais nous sommes d’accord : notre objectif n’est pas atteint. BCO n'avait jamais terminé l’année sur une note négative avant 2022.
Des rendements intéressants !
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est le lien entre le prix d’une obligation et son rendement, ainsi que la manière dont ces deux paramètres évoluent actuellement. Si le rendement d’une obligation monte, son prix baisse mécaniquement. C’est mathématique, dans la mesure où son prix de remboursement et son taux d’intérêt restent fixes. Et c’est exactement ce qu’il se passe actuellement. Depuis plusieurs mois, le rendement des obligations augmente en raison de la hausse concomitante de ses deux composantes.
La première composante, c’est le taux d’une obligation considérée « sans risque », à savoir celle de l’État allemand. C’est une notion peu connue du grand public, mais révélatrice du poids de l’Allemagne en Europe et de la faiblesse politique de l’Europe devant les intérêts de ses propres membres. Gardons également à l’esprit qu’il s’agit d’un référentiel adopté par le marché.
La seconde composante, c’est la prime de risque : il s’agit de la rémunération supplémentaire attendue par rapport à l’investissement dans une obligation de l’État allemand. Or, d’une part, la politique des banques centrales de lutte contre l’inflation entraîne une augmentation des taux dans leur ensemble, à commencer par le taux sans risque. D’autre part, la perspective d’une récession et ses conséquences potentielles sur les entreprises emprunteuses fait bondir les primes de risque. D’où la hausse du rendement… et la baisse du prix des obligations, qu’illustre bien l’exemple de Jaguar : au 1er janvier 2022, le rendement des obligations de l’entreprise était de 3,7 % pour un prix de 104 € ; aujourd’hui, le rendement atteint 11,9 % pour un prix de 79,5 € (au 23/09/22).
Pas d’explosion prévue des défauts de paiement de la part des entreprises
Les experts obligataires du groupe CORUM ne s’attendent pas à une hausse massive des défauts d’entreprises, c’est-à-dire en incapacité de payer leurs dettes. Les entreprises ont en effet montré leur faculté à répercuter les hausses de prix à leurs clients depuis le début de l’année. Vous l’avez d’ailleurs certainement observé dans votre vie quotidienne.
Conséquence : si l’inflation fait grimper leurs coûts de production, leur chiffre d’affaires augmente également. L’impact est donc en partie limité sur leurs résultats. Elles ont tiré les leçons de la crise de la Covid-19 ; elles abordent la possible récession à venir avec une meilleure maîtrise des dépenses et sont donc mieux armées face à une crise. Après avoir craint pour leurs liquidités durant la pandémie, elles ont eu le réflexe de constituer un matelas de sécurité en renforçant leur bilan : elles se sont refinancées, ont accumulé des liquidités, ont joué la prudence dans leurs acquisitions et leurs dépenses d’investissement, etc.
Pour autant, il faut être réaliste : bien sûr, toutes ne résisteront pas à la récession qui se prépare ; attendons-nous à une hausse des défauts (ou difficulté à rembourser leur crédit), qui restent quasiment nuls à l’heure actuelle. Mais, pour les raisons que je viens de citer, les experts obligataires de CORUM n’envisagent pas à une explosion du taux de défaut comme pendant la crise financière de 2008. Autrement dit : les obligations rémunèrent correctement le risque de défaut à venir. Et c’est le rôle de l’équipe obligataire de votre fonds de savoir-faire la sélection d'entreprises capables de manœuvrer dans ces conditions difficiles.
Sans pouvoir prédire l’avenir, les gérants restent en tout cas confiants pour 2023. En Europe, les politiques volontaristes des Etats devraient avoir un impact sur l’inflation et la croissance, Etats qui eux-mêmes ne peuvent laisser la hausse des taux aggraver leurs propres dettes. Alors, même si cela peut vous sembler paradoxal à cet instant, les rendements en hausse et les prix en baisse des obligations à haut rendement offrent une fenêtre intéressante pour entrer ou se renforcer sur ce marché. Difficile bien sûr de savoir si le point d’entrée sera encore meilleur dans quelques semaines ou quelques mois. Les crises sont véritablement créatrices d’opportunités : il faut garder la tête froide et penser long terme !
Par
FREDERIC PUZIN
* Source Bloomberg. Le fonds BCO est géré de manière active sans obligation de répliquer l’indice IBOXXMJA (Markit iBoxx EUR Liquid High Yield), représentant le comportement des obligations européennes à haut rendement.
Les fonds obligataires à haut rendement (avec un caractère spéculatif comparé aux obligations d’État : recherche d’un rendement plus important contre un risque plus élevé) distribués par CORUM L’Épargne n’offrent aucune garantie de rendement ni de performance et présentent un risque de perte en capital. La valeur des placements et les rendements qu’ils génèrent peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse. Les investissements constituant leur patrimoine sont soumis au risque de marché, de défaut et, potentiellement, au risque de change. Les performances passées ne constituent pas un indicateur fiable des performances futures.